- grêle
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1 ♦ Précipitation constituée de grains de glace. ⇒ grêlon, grésil. Averse de grêle. Récolte abîmée par la grêle. « La grêle jette sur nous [...] ses perles de verre » (Loti).2 ♦ Ce qui s'abat sur qqn comme la grêle. Une grêle de coups, de balles. — Fig. Accabler qqn sous une grêle d'injures. Il l'accablait « d'une grêle de phrases qui répétaient la même idée » (Balzac).grêle 2. grêle [ grɛl ] adj.• graisle v. 1100; lat. gracilis → gracile1 ♦ D'une longueur, d'une finesse excessive. ⇒ filiforme, 2. fin, fluet, 1. maigre, mince. Un échassier perché sur ses pattes grêles. La silhouette grêle d'un pont métallique.2 ♦ Par ext. Aigu et peu intense. Voix grêle.3 ♦ Anat. L'intestin grêle, ou n. m. le grêle : portion de l'intestin comprise entre le duodénum et le cæcum. ⇒ iléon, jéjunum.⊗ CONTR. Épais, 1. fort.Synonymes :- délicat- délié- fluet- gracile- menu- mince- ténuContraires :- épais- fort- gros- massif- puissant- rond● grêle nom féminin (de grêler) Précipitation sous forme de grains de glace ou grêlons d'un diamètre moyen de 0,5 à 2 cm, accompagnant parfois les orages. Grande quantité de choses qui tombent dru : Une grêle de balles. ● grêle (difficultés) nom féminin (de grêler) Orthographe Avec un accent circonflexe, comme les mots de la même famille, grêleux, grêler, grêlon. ● grêle (homonymes) nom féminin (de grêler) grêle adjectif ● grêle (synonymes) nom féminin (de grêler) Précipitation sous forme de grains de glace ou grêlons d'un...Synonymes :- grêlon- grésilGrande quantité de choses qui tombent druSynonymes :- bordée (familier)- cascade- chapelet- kyrielle- pluie- voléegrêleadj. (et n. m.)d1./d Long et menu. Jambes grêles. Ant. trapu.d2./d Par ext. Aigu et faible (sons). Voix grêle.d3./d ANAT Intestin grêle ou, n. m., le grêle: partie longue et mince de l'intestin, comprise entre le duodénum et le caecum.————————grêlen. f. Pluie de petits glaçons (grêlons) de forme arrondie; ces glaçons eux-mêmes.|| Fig. Grêle de pierres, de coups, d'injures.I.⇒GRÊLE1, adj.A. — [En parlant d'une chose] Dont l'épaisseur, le diamètre ou la largeur est très mince par rapport à la longueur. Strasbourg à cinq heures, et nous atteignons la belle et forte flèche que nous voyions de si loin; forte et pleine, point grêle ni maigre (MICHELET, Journal, 1842, p. 417).— P. ext. Fin. La Loire. — Fleuve doux, large, étendu, mais les peupliers donnent quelque chose de grêle au paysage (FLAUB., Champs et grèves, 1848, p. 188) :• 1. Sur une colline conique qui domine le Nil et le désert, un petit sanctuaire d'Hator élève ses ruines élégantes. Dans ces contrées pleines de constructions cyclopéennes, on est surpris de trouver un temple grêle et délicat.DU CAMP, Nil, 1854, p. 164.— ANAT. Intestin grêle. Partie la plus étroite des intestins, comprise entre le pylore et le caecum. Cf. AMIEL, Journal, 1866, p. 106.B. — [En parlant d'une pers.] Dont la minceur est excessive. Cou, membres grêle(s); ossature, taille grêle. [Dans les tableaux flamands] Des pieds trop longs, des mains ascétiques et grêles viennent dépareiller un corps bien venu (TAINE, Philos. art, t. 2, 1865, p. 35). Lutteur fantaisiste, n'exhibant au seuil de la baraque qu'un torse grêle, mais décoré d'admirables tatouages en trois encres (BERNANOS, Mouchette, 1937, p. 1309) :• 2. ... cette race qui ne s'est jamais mélangée, est grêle et rachitique, comme la noblesse espagnole, qui de même ne se marie qu'entre elle.NERVAL, Lorely, 1852, p. 54.C. — [En parlant d'un son, d'une voix] Qui est aigu ou d'une faible intensité. Timbre grêle d'un instrument de musique, d'une sonnette. Et, tout à coup, au-dessus d'eux, le nasillement grêle et harcelant d'un timbre électrique annonça l'express (MARTIN DU G., Thib., Belle sais., 1923, p. 1036). Sa meilleure voix diplomatique, dont le son grêle et fêlé surprend toujours, ainsi qu'un pernicieux présage (BERNANOS, Imposture, 1927, p. 389) :• 3. Au fond de la grange, on dansait toujours, Clou enflait les accompagnements de son trombone, dont le tonnerre étouffait le chant grêle du petit violon.ZOLA, Terre, 1887, p. 236.REM. 1. Grêlement, adv. D'une manière grêle (supra C). Piano Grêlement tapoté par des doigts sans anneau, Des doigts de vierges dont les cœurs sont sans reproches (RODENBACH, Règne silence, 1891, p. 198). 2. Grêler, verbe intrans. Émettre un son grêle (supra C). Il arrêtait pas d'en jaillir... d'entrer et sortir... pour la sonnette c'était la crise... elle grêlait continuellement (CÉLINE, Mort à crédit, 1936, p. 452).Prononc. et Orth. : [
]. MART. Comment prononce 1913, p. 62 fait une différence entre le subst. la grêle qu'il transcrit avec une durée (l'accent circonflexe étant le signe de la disparition d'un anc. s) et l'adj. grêle sans durée (où pourtant il y a aussi eu disparition d'un anc. s). Cf. graisle (étymol. et hist.). Ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. a) Ca 1100 graisle « mince » (Roland, éd. J. Bédier, 3158); b) 1370-72 voix grelle « aiguë et faible » (N. ORESME, Ethiques, 125 ds LITTRÉ); c) 1690 intestin grêle anat. (FUR.). Du lat. gracilis « mince » d'où aussi fr. mod. gracile de formation sav. Il semblerait que grêle ait été très tôt employé pour déterminer un son, cf. l'a. fr. graisle, graille (subst. masc.) « clairon » (ca 1100, Roland, éd. cit., 1832, 700, etc.), soner en grelle « sonner un cor dans le ton aigu » (ca 1150 Charroi Nîmes, éd. D. MacMillan, 1394); c ainsi nommé p. oppos. au gros intestin. Fréq. abs. littér. : 971. Fréq. rel. littér. : XIXe s. : a) 2 018, b) 1 190; XXe s. : a) 1 526, b) 850. Bbg. GRUNDT (L.O.). Ét. sur l'adj. invarié en fr. Bergen-Oslo-Tremsø, 1972, p. 228.
II.⇒GRÊLE2, subst. fém.A. — Précipitation atmosphérique constituée de grains de glace formés dans les nuages à la suite d'un brusque abaissement de température. Averse de grêle. Aux fenêtres, dehors, la grêle a beau sévir, Sous ses balles de glace à peine on sent frémir L'épais vitrail qui les renvoie (SULLY PRUDH., Solitudes, 1869, p. 44). Gondran cherchait dans les nues la menace de l'orage, la pâleur qui annonce la grêle livide (...). La grêle, c'est le blé couché, les fruits hachés, la mort de l'herbe (GIONO, Colline, 1929, p. 74) :• 1. Un vent bourru poussait de gros nuages qui, de temps en temps, lâchaient quelques bordées de grêlons.— Ce n'est pas de la vraie grêle, dit Justin, c'est du grésil, de la saleté.DUHAMEL, Désert Bièvres, 1937, p. 31.— Expr., fam., vieilli. [En parlant d'une pers.] On le craint comme la grêle; il est pire que la grêle; c'est la grêle! C'est un être méchant qui nuit à son entourage. — Ah ça! mais c'est donc la grêle, que ce cuirassier! cria Tonsard hors de lui (BALZAC, Paysans, 1850, p. 341).♦ Être méchant comme la grêle. Cet enfant est méchant comme la grêle (Ac. 1835, 1878). Tu es méchant comme la gelée et comme la grêle. Il n'y a personne d'aussi méchant que toi (J. BOUSQUET, Trad. du silence, 1935-36, p. 44).B. — P. anal. Grande quantité d'objets qui tombent à la fois. Une grêle de balles, de flèches, d'obus, de pierres. Elle chanta. Aussitôt le tapage redoubla. Il y eut des cris d'animaux, et, finalement, une grêle de pommes s'abattit sur la chanteuse (GYP, Souv. pte fille, 1928, p. 56). La Peugeot (...) fait un bond, se cabre comme le cheval dont Arthur vient de se moquer. Le pare-brise s'émiette, se résout en grêle de verre (H. BAZIN, Tête contre murs, 1949, p. 20) :• 2. La France ne pousse pas encore l'élégance jusqu'à faire, comme la nobility anglaise, pleuvoir sur la calèche de poste des mariés une grêle de pantoufles éculées et de vieilles savates...HUGO, Misér., t. 2, 1862, p. 628.♦ Une grêle de coups. Coups nombreux qui se succèdent rapidement. Je reçus d'abord cinq ou six gifles épouvantables, puis une grêle de coups de poing qui m'arrivaient, pointus et durs, tapant partout (MAUPASS., Contes et nouv., t. 1, Échec, 1885, p. 1004).— P. métaph. Une grêle de malheurs, de plaisanteries, de questions. L'enfant laissa tomber sa montre, qui se brisa. Une grêle d'injures s'abattit sur lui (ROLLAND, J.-Chr., Aube, 1904, p. 107) :• 3. J'étais (...) troublé cependant par une appréhension vague d'embarras et de dangers incertains; et si j'avais pu prévoir la tempête, la véritable grêle d'affliction qui devait bientôt s'abattre sur moi, j'eusse été à bon droit bien autrement agité.BAUDEL., Paradis artif., 1860, p. 393.— P. compar. S'abattre, fondre, pleuvoir comme grêle. Je n'ai qu'un moment, car les lettres, journaux et visites, pleuvent comme grêle (LAMART., Corresp., 1836, p. 197). Tomber dru comme grêle (v. dru II B 1 ex. de ZOLA).Prononc. et Orth. : []. Ds Ac. dep. 1694. Cf. grêle1. Étymol. et Hist. 1. a) [Fin XIe s. gresle « pluie congelée qui tombe en graine » (RASCHI, Gl., éd. A. Darmesteter et D. S. Blondheim, t. 1, n° 568)]; 119 « id. » (PH. DE THAON, Comput, éd. E. Mall, 1396); b) 1690 p. anal. « petite tumeur à la paupière » (FUR.); 2. ca 1150 p. métaph. mout grant gresle de saietes « très grande quantité de flèches qui tombent dru » (Thèbes, éd. L. Constans, 5362). Déverbal de grêler. Fréq. abs. littér. : 635. Fréq. rel. littér. : XIXe s. : a) 1 330, b) 809; XXe s. : a) 918, b) 574.
1. grêle [gʀɛl] n. f.ÉTYM. Fin XIe, gresle; déverbal de 1. grêler.❖1 Pluie qui, sous l'effet de la congélation, tombe en grains. ⇒ Grêlon, grésil. || Averse de grêle. || Nuages lourds de grêle. || La grêle fouette, cingle (cit. 5) les vitres. || Récolte ravagée par la grêle. || Fruits cotis par la grêle. || Canons contre la grêle (⇒ Paragrêle). — Le temps est à la grêle ⇒ Grêleux. || Nuage de grêle.1 (…) la nuit n'était plus si sombre, les grêlons l'éclairaient de rayures pâles, innombrables, comme s'il fût tombé des jets de verre. Le bruit devenait assourdissant, une mitraillade, un train lancé à toute vapeur sur un pont de métal, roulant sans fin. Le vent soufflait en furie, les balles obliques sabraient tout, s'amassaient, couvraient le sol d'une couche blanche. — La grêle, mon Dieu !… Ah ! quel malheur !… Voyez donc !… de vrais œufs de poule !Zola, la Terre, II, 2, p. 108.2 La grêle jette sur nous par myriades ses perles de verre (…)Loti, Figures et Choses…, « Passage de procession ».3 (…) des bombes, sur les coteaux, ont éclaté, que les vignerons lancent pour que les nuages de grêle s'écartent ou qu'ils se résolvent en eau.F. Mauriac, le Nœud de vipères, XI.♦ ☑ Loc. Pleuvoir, fondre comme grêle : pleuvoir, tomber très fort (→ Agioteur, cit. 2; armer, cit. 9).2 (V. 1150, en parlant de flèches). Fig. || Une grêle de… || Une grêle de cailloux (cit. 2), de projectiles (→ Effaroucher, cit. 1), de balles, d'obus (→ Farcir, cit. 7; faucher, cit. 5), d'insectes (→ Criquet, cit. 1). — (Abstrait). || Accabler qqn sous une grêle d'injures, de questions, d'arguments.4 (…) j'évitai par une prompte fuite une grêle de coups qui seraient tombés sur moi.A. R. Lesage, Gil Blas, VIII, I.5 (…) il croyait triompher de sa femme, et l'accablait alors d'une grêle de phrases qui répétaient la même idée, et ressemblaient à des coups de hache rendant le même son.Balzac, le Lys dans la vallée, Pl., t. VIII, p. 905.❖DÉR. et COMP. Grêleux, grêlon. Paragrêle.HOM. 2. Grêle; formes des v. 1. grêler et 2. grêler.————————2. grêle [gʀɛl] adj.ÉTYM. V. 1100, graisle; du lat. gracilis. → Gracile.❖1 D'une longueur disproportionnée à son diamètre, à sa largeur, d'une finesse excessive. ⇒ Filiforme, fin, fluet, long, maigre, mince. || Membres longs et grêles (→ Eunuque, cit. 4). || Jambes, bras grêles. || Personne, animal aux formes grêles. ⇒ Délié, élancé. || Corps grêle et chétif. ⇒ Faible, fragile, menu. || Ossature grêle (→ Attache, cit. 10). || Épaules (cit. 4) grêles. || Échassier perché sur ses pattes grêles. || Grêle envergure (cit. 2) d'un oiseau (→ aussi Fond, cit. 40). — De grêles peupliers. || Silhouette grêle d'un pont métallique, d'une grue mécanique. — REM. Par rapport à gracile, et frêle, grêle n'exprime pas l'idée d'une fragilité gracieuse mais une finesse excessive et un peu sèche.1 Une Japonaise, dépourvue de sa longue robe et de sa large ceinture aux coques apprêtées, n'est plus qu'un être minuscule et jaune, aux jambes torses, à la gorge grêle et piriforme (…)Loti, Mme Chrysanthème, XXXVIII.2 (1370; sons). Aigu et sans intensité. || Voix grêle (→ Chanter, cit. 5; faute, cit. 34; fêlé, cit. 5; fluer, cit. 3). || Le timbre grêle d'un instrument de musique, d'une sonnerie (→ Annoncer, cit. 18; cavale, cit. 2).2 M. d'Alembert, avec sa petite voix grêle, est un excellent lecteur (…)Voltaire, Lettre à La Harpe, 3804, 4 sept. 1771.3 Passé minuit, quand tout enfin se tait, le silence appartient aux rossignols, qui emplissent l'oasis d'une exquise et grêle musique de cristal.Loti, Jérusalem, p. 187.3 (1696). Anat. || L'intestin grêle : portion de l'intestin comprise entre le duodénum et le cæcum. ⇒ Iléon, jéjunum. || Vaisseaux chylifères, villosités de l'intestin grêle (→ Chyme, cit.; estomac, cit. 1). — N. m. || Le grêle.❖CONTR. Épais, fort.DÉR. 2. Grêler, grelin, grêloir.HOM. 1. Grêle; formes des v. 1. grêler et 2. grêler.
Encyclopédie Universelle. 2012.